HOMMAGE

À ANDRÉ BAZIN
PAR JEAN NARBONI







  • Je ne l’ai pas connu. 
  • J’écris ces chiffres glacés sans les réaliser. Puis, entendant Fran-fois Truffaut rappeler qu’
  • « après tout, il n’aurait que soixante-cinq ans aujourd'hui », et que Renoir, Rossellini, Bunuel étaient ses aînés, 
  • j’éprouve un effet violent de balancier du temps, entre proximité et éloignement. 
  • Effet exactement semblable à celui que désigne Proust, quand il écrit : « 
  • Dans l’appréciation du temps écoulé, il n’y a que.

        Critique de cinéma, essayiste, théoricien de premier plan, journaliste, animateur infa-tigable, type épatant, fondateur des Cahiers du cinéma, admirateur sans défaillance de Renoir, Chaplin, Welles, d'autres encore qui le lui rendaient tous, André Bazin est mort le 11 novembre 1958, à l’âge de quarante ans, il y a vingt-cinq ans.
        Je ne l'ai pas connu. J’écris ces chiffres glacés sans les réaliser. Puis, entendant Fran-fois Truffaut rappeler qu’« après tout, il n’aurait que soixante-cinq ans aujourd'hui », et que Renoir, Rossellini, Bunuel étaient ses aînés, j’éprouve un effet violent de balancier du temps, entre proximité et éloignement. Effet exactement semblable à celui que désigne Proust, quand il écrit : « Dans l’appréciation du temps écoulé, il n'y a que. le premier pas qui coûte. On éprouve d'abord beaucoup de peine à se figurer que tant de temps ait passé, et ensuite qu'il n'en ait pas passé davantage ». Peine à se figurer que tant de temps ait passé, tellement Bazin reste proche, peine à se figurer qu'il n'en ait pas passé davantage, tant le paysage a changé.
        Un peu plus loin, on peut lire encore : « On n'avait jamais songé que le XIIe siècle füt si loin, et après on a peine à croire qu'il puisse subsister encore des églises du XIIe siècle ».
        Je ne l’ai pas connu. J'écris ces chiffres glacés sans les réaliser. Puis, entendant Fran-fois Truffaut rappeler qu'« après tout, il n'aurait que soixante-cinq ans aujourd'hui », et que Renoir, Rossellini, Bunuel étaient ses aînés, j’éprouve un effet violent de balancier du temps, entre proximité et éloignement. Effet exactement semblable à celui que désigne Proust, quand il écrit : « Dans l’appréciation du temps écoulé, il n'y a que. le premier pas qui coûte. On éprouve d'abord beaucoup de peine à se figurer que tant de temps ait passé, et ensuite qu'il n'en ait pas passé davantage ». Peine à se figurer que tant de temps ait passé, tellement Bazin reste proche, peine à se figurer qu'il n'en ait pas passé davantage, tant le paysage a changé.
        Un peu plus loin, on peut lire encore : « On n'avait jamais songé que le XIIe siècle füt si loin, et après on a peine à croire qu'il puisse subsister encore des églises du XIIe siècle ».